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Saviez-vous que le meilleur style de leadership pour une situation donnée dépend du stade de développement de votre organisation ?

La théorie du leadership Holistique est un cadre basé sur la philosophie intégrale et la vision de Ken Wilber. Elle intègre notre compréhension de la psychologie, de la sociologie, de la spiritualité et des sciences cognitives.

Êtes-vous intéressé à voir si cette théorie pourrait faire de vous un meilleur leader et vous donner les outils pour promouvoir un “meilleur leadership” et être considéré comme un leader de plus grande valeur?

Le leadership holistique concerne l’émergence d’un nouveau type d’être humain dans le monde d’aujourd’hui – un être capable de voir, de penser et d’agir de manière plus globale, équilibrée et inclusive.

La théorie du leadership Holistique tente d’être complète, équilibrée et inclusive. Elle “embrasse” donc la science, l’art, l’éthique et la moralité, mais inclut également des disciplines allant de la physique à la spiritualité, de la sociologie à la méditation, de la politique à la médecine, des affaires et du leadership à la spiritualité intégrale.

Théorie intégrale

La théorie intégrale, appelée aussi la conception intégrale ou encore la philosophie intégrale de Jean GebserClare Graves, Don Beck et Ken Wilber et d’autres, est une conception du monde et de l’évolution de la conscience humaine. Elle cherche à déployer et à donner une vue d’ensemble de l’être humain et du monde, en intégrant les pensées et philosophies de l’Orient, de l’Occident ainsi que des connaissances spirituelles et scientifiques. Les psychologues Gebster et Clare Graves ont posé pour principe que les modes de pensée humains se sont développés tout au long de l’histoire de l’humanité, tout comme ils se développent de l’enfance à l’âge adulte. C’est le pendant et le prolongement sur le plan de la conscience humaines des théories de l’évolution.

Principes de la théorie du tout

Les tenants de la théorie intégrale partagent la conception selon laquelle la conscience humaine a évolué en passant par des stades successifs qui correspondent à des niveaux de maturation de l’ego. Ils considèrent que ces stades sont dans leurs grandes lignes les mêmes pour toutes les sociétés humaines et que le développement des sociétés, se reflète dans le développement des individus. De l’enfance à l’adulte, chacun de nous passe par des stades qu’on peut décrire et hiérarchiser.

Un stade de développement de la conscience peut être défini comme un système de compréhension de soi, des autres et du monde auquel la personne se fixe et, dès lors qu’elle y est fixée, se trouve assujettie.

Présents en chacun de nous, les stades de conscience correspondent donc à des façons de comprendre et d’appréhender la réalité.

La théorie est qualifiée d’ “intégrale” parce qu’elle propose un rapprochement et une mise en lien de visions du monde, de concepts et de pratiques en apparence divergentes ou sans rapport, dans le but de créer une “méta-vision” réaliste, fluide qui rende compte de la dynamique d’ensemble. Ce n’est donc pas une «grande théorie unifiée» prétendant opérer une somme de toutes les connaissances, absolue.

L’image de la spirale ascendante qui s’est imposée pour certains tenants de cette théorie, illustre en outre l’idée que, dans l’organisation des stades de conscience, chaque stade transcende les limites et intègre les qualités de ceux qui le précèdent. Cela dit, un stade de conscience prédomine toujours chez un individu et fait figure de centre de gravité. La spirale intègre un modèle de circularité et de linéarité.

Le message essentiel à retenir de la théorie intégrale est que la conscience humaine et l’humanité font actuellement face à une transition majeure.

La majorité de ces auteurs sont des psychologues.

Les études intégrales se sont fortement appuyées sur les théories du développement: le développement des individus, le développement des cultures, le développement des nations, des écosystèmes, des biosphères, des planètes, du cosmos et, surtout, de la conscience. Le désir de créer un nouveau modèle et une nouvelle approche dans tous les domaines du questionnement et de l’action humaine est également essentiel. C’est une réaction, non pas un repli réactionnaire, face aux pathologies du modernisme et du postmodernisme.

Le stade intégral

💡 La théorie intégrale postule l'existence d'un stade intégral, qui correspond à une forme de conscience en émergence actuellement. Cette forme de conscience, est "scientifique mais néanmoins spirituelle, rationnelle mais néanmoins basée sur l'intuition, critique, mais néanmoins ouverte". C'est cette théorie qui est à la base du leadership holistique.

La vision de Ken Wilber

Ken Wilber popularise la théorie intégrale en l’incluant dans une représentation du monde qui englobe ses dimensions matérielle et spirituelle. Dans deux livres à grand succès (la théorie du tout et une brève histoire de tout) , il intègre les apports de psychologues développementalistes, ainsi qui de penseurs issus de différentes traditions spirituelles, notamment orientales. Il ajoute à la spirale dynamique le modèle AQAL (All Quadrant – All Level – All lines, All states, & All types) qui pose pour principe que toute chose doit être appréhendée selon ses dimensions individuelle versus collective (axe haut-bas) et intérieur (caché, non accessible) versus extérieur (visible) et qu’en outre cinq éléments constituent les axes sur lesquels le développement est possible (niveaux, lignes, etc.), ce qui ouvre les perspectives de développement personnel, ouvrant aux individus la possibilité d’explorer et de développer systématiquement de multiples aspects d’eux-mêmes, tels que leur corps physique, leur intelligence émotionnelle, leur conscience cognitive, leurs relations interpersonnelles et leur sagesse spirituelle…

Le modèle AQAL développé par Wilber (CC) BY SA Université du Nous

Si on suit les quatre quadrants, il faut comprendre que, par exemple, les représentations mentales ressortent du quadrant supérieur gauche (individuel et intérieur), les normes sociales implicites du quadrant inférieur gauche (collective et intérieure) alors que les comportements manifestes sont sur le versant droit. Pour Wilber, du point de vue de l’évolution sociale, c’est quand la stabilisation à un niveau de développement de la conscience pose des problèmes qui ne peuvent plus être résolus à ce niveau que le stade suivant apparait, par nécessité et suivant en cela les impératifs d’adaptation continue. L’époque actuelle, arrivée à un cul-de-sac est confrontée à l’obligation de basculer vers le stade de développement suivant, le stade intégral.

Finalités de la théorie intégrale

La théorie intégrale est un modèle qui permet de se représenter les conceptions du monde qui se sont succédé en en comprenant les apports successifs ainsi que les limites. C’est une conception holistique et développementale de la réalité. Elle souligne en outre que l’homme peut accéder à des états de conscience naturels qui diffèrent de l’état de conscience que nous connaissons dans la vie ordinaire et que nous avons tendance à considérer comme le seul normal pour un adulte sain. Un des défenseurs contemporains de la théorie intégrale, Ken Wilber, pense en outre que des expériences spirituelles et mystiques peuvent nous donner accès à des connaissances en ce qui concerne la nature et la nature de la conscience. Pour lui, ce savoir introspectif a autant de valeur que le savoir scientifique basé sur l’expérience du monde extérieur et il est nécessaire pour produire un discours fondé sur nos réalités mentales, par définition non accessibles à l’expérimentation scientifique classique. Les nouvelles formes de conscience en émergence soulignent l’intérêt qu’il y a à prendre en compte ces savoirs dans nos décisions et dans nos actions. Cela nous ouvre à un mode de fonctionnement plus intuitif, moins basé sur le raisonnement conscient. C’est particulièrement vrai dans le monde instable et face aux risques globaux que la société rationaliste a engendrés. Grâce à des exercices comme la méditation, la théorie intégrale pose que nous sommes aussi capables d’examiner les impacts de choix intersubjectivement.

Selon Ken Wilber, le devoir d’un théoricien intégral n’est point de décider quelle théorie est juste, mais plutôt d’expliciter dans quel contexte l’ensemble des idées pourrait s’avérer plausible. Toutes les théories scientifiques, artistiques ou spirituelles seraient réellement mises en pratique. Une méthode de développement personnel et relationnel a été proposée par Wilber. Elle se base notamment sur le modèle AQAL.

Un autre aspect de la théorie intégrale consiste à donner une plus grande place à la subjectivité humaine. Ainsi, l’Ego ou le Moi individuel ne représente pas le meilleur champ d’action pour l’époque actuelle. Celle-ci appelle à une transcendance et nous sommes capables de dépasser notre Moi par l’interaction humaine, en nous reliant aux pensées et sentiments d’autrui et créer ainsi un réseau communicatif, i.e. accéder à une réalité d’être transpersonnelle.

Des publications liées au leadership et aux modes de management dans les organisations sont reliées aux conceptions intégrales, en particulier le livre de Frédéric Laloux, Reinventing Organization, dont nous parlerons lors du prochain épisode.

Leadership Holistique, une approche contextualisée

J’ai pu constater que la plupart, sinon toutes les techniques de leadership, fonctionnent avec certaines personnes, à certains moments, mais qu’il n’existe pas d’approche unique opérant avec tous les types de personnes quelle que soit le moment. Le défi du leadership holistique est de bien comprendre tous les facteurs du contexte (capacités individuelles, comportementales, mentalités, valeurs, objectifs, la dynamique des systèmes organisationnels / sociaux / culturels, etc.) pour savoir quelles démarches doivent être appliquées dans une situation donnée qui produiront le plus de résultats positifs, ce qui conduit généralement à un important changement pour l’individu ou pour l’organisation.

Le leadership holistique s’appuie sur la théorie intégrale, qui a pour but de contextualiser la « vérité » à propos de tout et de montrer le domaine de validité de toute théorie ainsi que la relation d’une théorie avec les autres théories. Cette théorie du Tout tente d’être complète, équilibrée et inclusive. Elle “embrasse” donc la science, l’art et la morale ; mais comprend aussi les disciplines qui vont de la physique jusqu’à la spiritualité, de la biologie à l’esthétique, de la sociologie à la prière contemplative ; de la politique à la médecine, du monde des entreprises et du leadership jusqu’à la spiritualité intégrale.

La construction d'une méta-théorie complète du leadership guidant le leader

Le leadership intégral adopte une perspective méta-théorique de compréhension de toute l’arène des études du leadership et des myriades de pratiques de leadership. Cette perspective se fait dans un cadre de référence intégré qui s’appuie sur l’AQUAL (“AQAL” est un acronyme pour “tous quadrants, toutes les lignes, tous niveaux, tous les états et tous les types”). Quatre cadrants illustrent les phénomènes de l’intérieur individuel, de l’intérieur collectif), de l’extérieur individuel et de l’extérieur collectif, ainsi que les axes de développement, les niveaux (ou étapes) de développement le long de ces lignes, de ces états (qui sont temporaires), et enfin de ces types (catégories) de leadership. Un second cadre d’intégration propose un modèle qui traite les individus et les entités collectives comme des holons séparés qui s’interfacent dans des événements de leadership et qui peuvent, ou non, co-évoluer. Un individu peut regarder à travers l’un des quatre cadrants (quadrivium) pour observer un aspect (une autre personne, un objet ou d’un écosystème) de la réalité.

Comme un automobiliste a besoin d’un système GPS pour se guider dans les rues et sur la route, la théorie du leadership intégral soutient que les cadres dirigeants ont besoin d’un outil (une carte) afin de leur donner cette perspective d’orientation dans leurs milieux organisationnels complexes. Ces cartes sont des représentations symboliques de la réalité dans le but de communiquer une information de la complexité de façon résumée, globale et intuitive, sans être trop simpliste. Les quadrants du leadership intégral sont une telle carte. Mais au lieu de représenter un point de référence partiel (culture organisationnelle, motivation des employés), il s’agit d’une carte la plus inclusive possible montrant les différences de l’ego, des autres et de l’organisation. Les quadrants fournissent aux leaders une carte la plus intuitive possible du territoire le plus complexe auquel ils devront faire face. La navigation dans le domaine de la psychologie, du comportement, de la culture et des divers aspects sociétaux sans un tel plan est vouée à une compréhension partielle de la réalité.

L'atteinte du leadership intégral par l'auto-développement en 5 étapes

En m’appuyant sur les travaux de Michael Putz et Michael Raynor (2005) , je peux établir une grille de 5 niveaux d’auto-développement pour atteindre un leadership holistique.

Au premier niveau de l’impulsivité, il n’existe aucun leadership. L’ego prédomine. L’individu déclare comme un très jeune enfant : “Je suis mes impulsions” et il est incapable de prendre la perspective des autres personnes.

Le deuxième niveau égocentrique où l’individu est centré sur ses besoins et ses désirs : il est en mesure de gérer ses pulsions et de prendre en compte le point de vue des autres s’il correspond aux siens. Il peut être amené à se comporter de façon agressive avec une personnalité destructive dans un travail d’équipe et se comporte en initiative de chantage résumé par l’expression anglaise : “my way or the highway”, c’est-à-dire “on fait de ma façon ou alors je ne participe pas au projet”.

Le troisième niveau interpersonnel représente un individu qui se définit par ses relations et son rôle social (ou ses rôles sociaux). Il estime que ce qui est juste est imposé par des règles, des règlements et par l’autorité appropriée (chaîne de commandement). Il dispose d’un fort esprit d’équipe et il est un partisan d’une vision organisationnelle indépendante. Bien que disposant d’une pensée critique, il introduit dans la médiation de son développement relationnel des idées concurrentes, par exemple celles de son patron, de sa famille, des subordonnés, etc.

Le quatrième niveau, celui de l’individu autonome qui crée sa propre identité comprenant ses rôles, ses relations et ses attentes des autres pour mieux être en mesure de prendre des actions indépendantes. Le danger de l’individu autonome est de gagner trop en confiance et d’adopter une identité rigide qui soit associée à sa réussite actuelle et lorsqu’il se sent menacé par des changements fondamentaux.

Enfin, le dernier niveau concerne le leader intégral. Il s’agit d’une personne qui est en constante évolution et qui est conscient de son propre développement ainsi que ceux des autres. Il a un sens de l’identité flexible qui englobe la complexité et les paradoxes sur le plan personnel. Il dispose de valeurs claires et connait les limites. Il s’adapte aux changements fondamentaux, sans qu’il considère ceci comme une menace pour son identité personnelle. De plus, il soutient l’auto-développement des autres, et il arrive à comprendre une situation dans un environnement multi-paradigmatique. Le danger qui guette le leader intégral est d’être perçu comme marginal par les autres qui ont des difficultés à cerner son identité flexible et déroutante. Certains subordonnés peuvent se sentir menacés dans leur confort psychologique. Plutôt pro-actif et holiste, le leader intégral a tendance à vouloir faire grandir les autres pour le bien de tous sauf que toutes les personnes ne sont pas toujours prêtes pour cela.

Nous verrons dans l’épisode consacré aux organisations, que celles-ci suivent le même modèle d’évolution en 5 étapes.

Les livres de Ken Wilber

Une philosophie du leadership pour créer un monde meilleur
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